jeudi 2 avril 2009

La musicothérapie: la musique au coeur de la communication

La musique (qu'on écoute, joue, ou chante) possède des qualités créatives, structurales et émotionnelles qui facilitent la conscience de soi, le développement personnel, le contact, l'interaction, l'expression et la communication. Des qualités utilisées en musicothérapie pour restaurer, maintenir ou améliorer le bien être physique et psychologique de l'enfant.
Au début est le son
Les mythes de la création nous ont familiarisés avec cette classe originaire donnée au son. Une place observable aussi à l'origine de l'individu: l'enfant vient au monde en poussant son premier cri, premier signe sonore de vie pour son entourage. Les expériences réalisées en France à la fin des années 70 sur la préapration musicale à l'accouchement ont montré l'incidence de la musique sur le foetus. Ces résultats rejoignaient les témoignages des mères comme les intuitions de M-L. Aucher (1981) qui proposait une préparation vocale à l'accouchement par le chant "prénatal". A la même période, le docteur F. Leboyer proposait aussi l'accueil au monde de l'enfant en musique pour une "naissance sans violence". Toutes ces observations et pratiques ont conforté l'idée d'une sensibilisation sonore très précoce, dès les 4ème mois de gestation. Certes, la péridurale a offert depuis un autre soulagement aux mères et au personnel.
La musicothérapie a une place importante à jouer dans le cadre de la prématurité. La voix e la mère, le souffle comme massage vocal, les expériences faites à partir du rythme cardiaque sont quelques uns des éléments utilisés pour favoriser la relation, la détente et leurs effets remarquables sur le développement physique du prématuré. Pour que ce dernier puisse en bénéficier, il faut admettre que les machines et les programmes ne font pas tout, qu'une relation en chair et en os s'avère indispensable au petit d'Homme.
A l'école
Des recherches réalisées sur les ambiances sonores à l'école, les cours de récréation, ont montré que ces dernières peuvent, dans certains cas, produire tout l 'opposé d'une pause, à savoir un stress supplémentaire, imposé au moins 2 fois par jour ! On ne s'étonne donc pas de la fatigue de certains enfants. En effet, grand producteur de volume sonore, l'enfant est lui-même très sensible aux sons et à la surcharge, la saturation sonore aux effets négatifs sur son développement.
  • Musicothérapie : plusieurs musicothérapeutes ont montré les difficultés de l'écoute dans le milieu scolaire. C'est souvent à l'occasion d'une extinction de voix que l'enseignant se rappelle qu'il a pour principal outil de travail le sonore, c'est à dire sa propre voix. Tout notre enseignement est dirigé vers le visuel. Ainsi, l'apprentissage dépend essentiellement, à ce niveau, des capacités de l'enfant à articuler le sonore et le visuel. Dans ce cadre, le musicothérapeute peut sensibiliser les équipes et intervenir auprès des enfants les plus en difficulté. Ce sont là des interventions psychopédagogiques plus que thérapeutiques.

  • Education musicale : à l'école, il y a aussi les cours de musique qui, comme ceux de dessin, constituent des espaces ouverts à l'expérience et, pour certains enfants, une vraie soupape de sécurité, un espace intermédiaire où souffler un peu et se faire entendre autrement. Or, ce qui devrait être un lieu privilégié est encore trop souvent une matière peu valorisée pour l'insitution scolaire. L'éducation musicale n'est pas seulement l'apprentissage d'un code, de l'usage d'un instrument, mais aussi la mise en forme des émotions, des affects dans un espace d'accordage, de socialisation. Malheureusement les musicothérapeutes reçoivent beaucoup d'adultes ayant été précocement détournés de la musique par un enseignement rébarbatif peu adapté à la sensibilité de l'enfant à la musique.

Education musicale et musicothérapie sont rarement concurrentes : contrairement à la première, la seconde ne vise pas d'acquisition musicale ; elle est centrée sur la relation, élargit son matériau au bruit, au sonore en générale pour atteindre un but thérapeutique ou encore, comme on vient de le voir, psychopédagogique.

Pistes de travail

La musicothérapie ouvre, pour l'enfant et l'adolescent, plusieurs pistes de travail psychologique spécifiques, car liées à la place du sonore dans le développement psychique. On retiendra particulièrement 4 d'entre elles :

  1. La construction psychique de l'expérience sonore : le bruit est intrusif, traumatique ; il faut une construction psychique pour l'intégrer dans un contenant psychique et mettre en place un processus de différenciation permettant de distinguer bruit, sons, silence, parole et musique. Cette structuration subjective conditionne tout accés au code et à la pensée, qu'elle soit verbale ou musicale. La musicothérapie offre la possibilité d'une mise en place ou d'une reprise de ce travail de construction.
  2. Le rapport au code : la musique, comme la parole, est conditionnée par le rapport au code offert par la culture. ces deux codes sonores sont indispensables et complémentaires. Les difficultés liées à l'accés au code pourront être reprises dans le cadre de la musicothérapie dans un travail sur les bases sonores de ces codes et leurs fonctions rationnelles : l'intervalle entre 2 sons est au fondement de la musique... L'accordage est une qualité particulière de la relation perçue et interprétée par les deux protagonistes.
  3. Le rapport au sens : chacun de ces codes, parole, musique, a un rapport différent à la dimension sémantique. Il y a donc tout un travail thérapeutique possible à réaliser aussi à ce niveau. La musique ne posant pas de contrainte d'interprétation, elle offre un espace de jeu sensible dans la musique intrumentale mais aussi dans le chant et ses jeux entre parole et musique. On a depuis longtemps comment certains autistes entrent dans la parole à partir de celle chantée, justement.
  4. Le rapport à l'espace social et au pouvoir : nous avons bien vu précédemment l'importance de cet axe sonore pour le jeune, axe qui permet de travailler le rapport à l'autre, l'agressivité, le conflit, les prises de conscience par rapport à l'autorité et au pouvoir, etc.

La pratique de la musicothérapie demande une formation approfondie qui permette d'analyser ces différentes problématiques tant dans leur expression sonore, musicale, que dans leurs enjeux psychologiques et thérapeutiques.

Source : Edith Lecourt, professeur de psychologie clinique (université Paris V) secrétaire générale de l'Association française de musicothérapie.

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